Le château de La Table

L’histoire de l’ancien château de La Table

La commune de La Table recèle un secret bien enfoui sous une épaisse couche de terre: il s’agit de la présence d’un ancien «château».

La commune de la Table a toujours existé contrairement à d’autres communes. Ses habitants ont ainsi choisi d’habiter sur les hauteurs à l’abri:

des débordements et des fréquentes inondations en vallée;

des nombreuses infections de marais (paludisme, choléra, fièvres .. ). En effet, des marais ont longtemps subsisté à la place de l’actuelle ville de la Rochette.

et pour riposter plus rapidement à toute attaque ennemie.

Situé à 926 mètres d’altitude, le château fort de 100 m de long et 20 m de large, accessible que par le Nord et l’Ouest, a été construit sur une excroissance calcaire, le promontoire de I’ Aiguille (huille en patois savoyard). Il défendait ainsi l’entrée en Maurienne en surveillant la seule voie de passage en direction du col du Cucheron.

La principale route, pour se rendre au Cucheron, passait par la Provenchère et non au chef-lieu de la Table. La Table était la commune incontournable sur le « chemin des mines » (dans les Hurtières). Il avait un rôle d’assistance envers les pèlerins qui se rendaient à I’ Abbaye de Novalèse. Enfin, il imposait un droit de péage souvent élevé envers les marchands.

La première famille du château est celle des Clarelli. Un texte de 1153 atteste que « Durand Clarelli, seigneur de l’Huille se reconnait homme-lige du Comte de Savoie » c’est-à-dire qu’il se reconnait comme son vassal lié par un contrat. On peut dater la construction du « castrum », la maison-forte de l’Huille au XIIe siècle. Elle est essentiellement constitué d’une tour Parallèlement, des maisons-fortes naissent avec la permission du seigneur de l’Huilles. C’étaient « des habitations fortifiées et luxueuses». Trois familles de nobles réparties à la Table et à la Provenchère étaient présentes.

Une dynastie s’est même affirmée: celle des Chabert de Morestel (XIIIe et début XIVe siècle).

Le dernier des Morestel eut pour héritier un comte de Seyssel-La Chambre, seigneur de la Rochette. Dès lors les deux châtellenies de l’Huille et de La Rochette se regroupèrent progressivement.

Le château est élevé de quatre tours en 1469, entourant le donjon primitif. Il est protégé par une double ceinture de fossés et par des murs percés de barbacanes, de meurtrières et de mâchicoulis. Trois issues souterraines permettent d’aller du premier fossé au second.

Le fief de l’Huille était très important. Il comprenait 13 villages (La Table, le Bourget, le Verneil…). Louis de la Chambre, comte de l’Huille et seigneur de La Rochette vers 1480 développa la métallurgie, les filatures et l’exploitation minière sur ses terres.

Le château se situe ainsi au cœur d’un « territoire frontière », lieu de tensions et d’affrontements entre la Savoie et le Dauphiné mais surtout entre le duché de Savoie et le Royaume de France. C’est la guerre de 1597 entre le duché de Savoie et le Royaume de France qui mettra en lumière l’importance de château fort et de sa résistance. Dès le 28 juillet 1597, il est assiégé par les Français. L’église et une partie du village de la Table est alors incendiée. La même situation se reproduit au Bourget et au Pontet. Lesdiguières, vainqueur du château de Charbonnières à Aiguebelle, en personne, doit diriger les opérations pour mettre fin à cette résistance. Le 3 août, Il fait venir 3 canons ayant déjà servi contre le château de La Rochette, d’Aiguebelle, le port de Châteauneuf … Entre 70 à 80 coups sont tirés sans faire de brèches car la muraille était de bonne qualité (du schisme taillé à vif renforcé par de la terre). Le 5 août, une capitulation est conclue. Les assiégés, 39 paysans en comptant leur commandant, le sieur Baye, défilèrent avec armes et bagages et tambour battant.

Lesdiguières, méfiant, restaura cette place forte et installa des hommes. Il la conserva au-delà du traité de paix du 2 mai 1598. Il l’occupait encore au second traité de paix de 1601 (traité de Lyon) entre le royaume de France et le duché de Savoie. Le 1er mai 1606, le duc de Savoie racheta le château à Pierre de Seyssel La Chambre (pour 10 000 écus d’or à 7 florins et 10 sous pièce) payable sur 3 ans. Mais, il résilia l’achat de ce fort en 1609 suite à un traité où Henri IV lui promettait la Lombardie.

En 1630, un nouvel assaut est donné au château. Louis XIII passe par Conflans et s’arrête à St Pierre d’Albigny le 11 juin 1630. Richelieu lui dit: « Voyez Sire, d’un seul coup d’oeil, ce que jamais prince n’a eu le plaisir de voir en même temps. Voyez la fumée de vos canons au siège de trois villes différentes: charbonnières, l’Huille et Montmélian ». Le 19 juin, la garnison à peine composée d’une compagnie, se rend.

En 1630, la population doit faire face à un fléau, propagé par les troupes, la peste.

Elle terrorise la population et la décime: d’après I’ Abbé Félix Bernard, « le hameau du Défaix qui comptait 8 à 9 foyers fut si ravagé qu’il n’y resta que 2 filles … qu’aux Landaz, comptant environ 14-15 foyers, n’échappèrent au fléau qu’à peine 2 hommes et 2 femmes ».Pour lutter contre la peste, on assiste à un redoublement de ferveur religieuse, notamment envers les deux saints Saint-Roch et Ste-Anne.

Aujourd’hui, de ce château et de sa grandeur passée, quelques restes subsistent et que seuls les curieux peuvent découvrir. Quelques indices : à proximité du croisement entre la route allant à la Provenchère et celle allant vers le chef-lieu de la Table, levez les yeux et vous pourrez apercevoir des vestiges de ce château construit sur un rocher. Seule, une motte de terre parsemée d’arbres le long de la route dans la forêt avant le deuxième banc vers le Pic de l’Huile subsiste. Un souterrain aujourd’hui fermé a longtemps été visité par les enfants de l’école primaire de la Table.

Deux hypothèses devront être confirmées : un sentier parallèle à cette route du pic de l’Huile encore praticable est probablement l’ancien chemin qui menait au château. Le sentier permettant de joindre le chef-lieu et la Provenchère a été probablement un chemin de circulation.

Merci à Nadège Moutard pour ce récit.

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